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Sédation 101
31 décembre 2015

Vers une hiérarchie progressive

Il est temps que le politique change et que l'on donne enfin une perspective à la France, et malheureusement la classe politique reste encore totalement dans une bulle qui risque d'exploser malgré elle. L'état présent du monde politique est encore très éloigné de cette inévitable conciliation finale. Car, le vice principal de notre situation sociale consiste, au contraire, en ce que les idées d'ordre et les idées de progrès se trouvent aujourd'hui profondément séparées, et semblent même nécessairement antipathiques. Depuis un demi-siècle que la crise révolutionnaire des sociétés modernes développe son vrai caractère, on ne peut se dissimuler qu'un esprit essentiellement rétrograde a constamment dirigé toutes les grandes tentatives en faveur de l'ordre, et que les principaux efforts entrepris pour le progrès ont toujours été conduits par des doctrines radicalement anarchiques. Sous ce rapport fondamental, les reproches mutuels que s'adressent aujourd'hui les partis les plus tranchés, ne sont, malheureusement, que trop mérités. Tel est le cercle profondément vicieux dans lequel s'agite si vainement la société actuelle, et qui n'admet d'autre issue finale que l'unanime prépondérance d'une doctrine également progressive et hiérarchique. Les observations d'après lesquelles je vais ici sommairement ébaucher cette importante appréciation, sont par leur nature, essentiellement applicables à toutes les populations européennes, dont la désorganisation a été réellement commune et même simultanée, quoiqu'à des degrés différens et avec diverses modifications, et qui ne sauraient non plus être réorganisées indépendamment les unes des autres, bien que assujéties à un ordre déterminé. Cependant, nous devons plus spécialement avoir en vue la société française, non-seulement parce que l'état révolutionnaire s'y manifeste d'une manière plus complète et plus évidente, mais aussi comme étant, au fond, malgré quelques apparences contraires, mieux préparée qu'aucune autre, sous tous les rapports importans, à une vraie réorganisation, ainsi que je l'établirai ultérieurement. Quelque infinie variété qui semble d'abord exister entre toutes les opinions douées aujourd'hui d'une véritable activité politique, on reconnaît aisément, par une judicieuse analyse, qu'elles sont, au contraire, circonscrites jusqu'à présent dans une sphère extrêmement étroite, puisqu'elles ne consistent réellement qu'en un mélange variable de deux ordres d'idées radicalement antagonistes, dont le second ne constitue même, à vrai dire, qu'une simple négation du premier, sans aucun dogme propre et nouveau. La situation actuelle des sociétés ne peut, en effet, devenir intelligible qu'autant qu'on y voit la suite et le dernier terme de la lutte générale entreprise, pendant le cours des trois siècles précédents, pour la démolition graduelle de l'ancien système politique. Or, d'un tel point de vue, on aperçoit aussitôt que si, depuis cinquante ans, l'irrévocable décomposition de ce système a commencé à manifester, avec une évidence toujours croissante, l'impérieuse nécessité de la fondation d'un système nouveau, le sentiment encore incomplet de ce besoin capital n'a cependant inspiré jusqu'ici aucune conception vraiment originale, directement appropriée à cette grande destination: en sorte que les idées théoriques sont aujourd'hui demeurées très inférieures aux nécessités pratiques, que, dans l'état normal de l'organisme social, elles devancent habituellement, afin d'en préparer la satisfaction régulière et paisible. Quoique, dès-lors, le principal mouvement politique ait dû changer entièrement de nature, et de purement critique, tel qu'il paraissait jusque-là, tendre de plus en plus à devenir distinctement organique, néanmoins, par une suite inévitable de cette immense lacune philosophique, il n'a pu cesser encore d'être toujours uniquement dirigé d'après les mêmes idées qui avaient guidé les divers partis pendant la longue durée de la lutte antérieure, et avec lesquelles tous les esprits s'étaient ainsi profondément familiarisés. Défenseurs et assaillans de l'ancien système, tous, par une inévitable et imperceptible transition, ont pareillement tenté de convertir leurs vieux appareils de guerre en instrumens de réorganisation, sans soupçonner leur inaptitude également nécessaire à cette nouvelle opération, dont la nature repousse, avec la même énergie, les deux sortes de principes, les uns comme évidemment rétrogrades, les autres comme exclusivement critiques. Source: Agence Incentive.

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